Article de Francisca Iyolo Modware, responsable du rugby féminin au sein de la Fecorugby.
Le rugby serait-il une affaire d’hommes exclusivement ? la réponse n’est pas si aisée, il serait pourtant simple d’affirmer que non, puisque les femmes pratiquent aussi le rugby de toute évidence, pourtant lorsque l’on voit les moyens colossaux consacrés au rugby masculin dans le monde et qui sont sans commune mesure avec les moyens accordés au développement du rugby féminin toujours balbutiant, il y a de quoi se poser des questions.
Les lecteurs m’excuseront mais en bonne banquière, je ne peux m’empêcher d’analyser les chiffres et je me rends compte que les instances internationales du rugby ne dépensent pas autant pour le rugby féminin que pour sa vitrine le rugby masculin à quinze
Mais d’abord attardons nous sur le modèle, est-ce bien raisonnable de pousser la femme à être l’égal de l’homme rugbystiquement parlant, ou n’y a- t-il pas lieu d’inventer un rugby vraiment féminin et tout autant spectaculaire, peut être en consolidant le modèle du 7 féminin ou en inventant peut-être un rugby à 11 qui pourrait séduire des femmes déçues du foot. Ou pourquoi pas faire preuve d’imagination collective, en organisant au niveau des instances world rugby ou Africa Rugby, des ateliers pour pousser la réflexion sur ce sujet.
En attendant, il est important d’apporter une réponse aux nombreuses femmes qui se demandent encore si le rugby est vraiment un sport pour elles ? Ma réponse est clairement oui, car je vois dans ce sport viril, un bon moyen pour la femme d’affirmer son leadership naturel et de se faire respecter. En réalité, et les rugbymans le disent à souhait, le rugby c’est comme une famille dans laquelle chacun a son poste rempli, son rôle pour consolider l’ensemble, exactement comme dans une mêlée. Et nous savons tous que dans nos familles, les mères jouent le rôle de pilier centrale, en quelque sorte la permanence de l’équipe, lorsque les pères jouent souvent le rôle d’allié débordant d’énergie et rivalisant d’imagination pour apporter des subsides à leurs familles.
La Maman, souvent pilier et parfois pivot, doit jongler avec les uns et les autres pour que sur son socle se construise un édifice équilibré. Plus qu’une métaphore, cette image de la famille suggère que la femme rugbyman ou la rugbywoman revendique avec fierté son rôle.
Les autres arguments anti rugby féminin, souvent caricaturaux qui veulent que les femmes qui pratiquent le rugby, soient moins féminines ou soient plus portées vers des relations amoureuses atypiques, sont pour nous, battus très largement en brèche par une réalité bien différente. Nous pouvons en témoigner fort de bien connaître la composition de nos propres équipes, que toutes ces femmes sont largement représentatives de la société et qu’il n’y a pas ici matière à stigmatiser qui que ce soit.
Le vrai sujet reste néanmoins celui des moyens à mettre en œuvre pour permettre le développement de ce rugby d’avenir pour les femmes attachées aux valeurs de solidarité, d’effort partagé, de complémentarité et de fraternité, comme les hommes avec qui elles partagent cette pratique.
On pourrait imaginer demain des budgets spécifiques, comme ceux alloués à des programmes comme « GET IN TO RUGBY, JE JOUE AUSSI ARBITRE », pour une incitation à la pratique féminine du rugby, ou même la programmation à la télévision des heures de grande écoute de matchs de rugby féminin, voir un équivalent, pourquoi pas, du top 14 masculin au féminin.